JUSTICE EST FAITE – 1950
Justice est faite
« Des êtres faillibles peuvent-ils rendre une justice infaillible? »
Lion d’Or 1950
Mostra de Venise
Ours d’Or 1951
1ère Berlinale
4.3M d’Entrées
6ème au box-office France 1950
Cette application interactive explore le film séminal d’André Cayatte. Au-delà d’un simple drame judiciaire, découvrez comment cette œuvre met en procès l’institution judiciaire elle-même, à travers le regard de ses jurés. Naviguez à travers les sections pour disséquer le film, son réalisateur, son procès central et son héritage complexe.
Le Film : Anatomie d’un drame judiciaire
Cette section présente les éléments fondamentaux de *Justice est faite*. Vous y trouverez le résumé de l’intrigue qui pose un dilemme moral complexe, ainsi qu’une fiche technique détaillée et la distribution qui a donné vie à ce récit puissant. Ces informations établissent le contexte nécessaire pour comprendre l’analyse plus profonde qui suit.
Synopsis : Un procès pour euthanasie
Le film s’articule autour du procès d’Elsa Lundenstein, une doctoresse jugée à Versailles pour avoir euthanasié son amant, un industriel atteint d’un cancer incurable. Le cœur de l’intrigue est de déterminer ses motivations : a-t-elle agi par compassion pour abréger ses souffrances, ou par intérêt personnel, étant amoureuse d’un autre homme et potentielle héritière ? Le film déplace rapidement son focus du prétoire vers la salle des délibérés et la vie privée des sept jurés, dont les propres drames et préjugés influenceront le verdict.
Fiche Technique
- Réalisation : André Cayatte
- Scénario : André Cayatte & Charles Spaak
- Production : Silver Films (Robert Dorfmann)
- Musique : Raymond Legrand
- Photographie : Jean-Serge Bourgoin
- Date de sortie : 20 septembre 1950
- Durée : 105 minutes
- Distribution : Claude Nollier (Elsa Lundenstein), Michel Auclair (Serge Cremer), Noël Roquevert, Raymond Bussières, Jean Debucourt…
Le Procès des Juges
Le véritable cœur du film n’est pas le procès de l’accusée, mais celui des sept jurés. Cette section vous invite à explorer interactivement comment les drames personnels et les biais de chaque juré façonnent leur jugement. Cliquez sur chaque portrait pour découvrir comment la vie privée infléchit la justice et comprendre pourquoi le film est une critique de l’impartialité humaine.
Le Réalisateur : André Cayatte, l’Avocat-Cinéaste
Cette section se penche sur la figure d’André Cayatte, dont la formation d’avocat a profondément marqué l’œuvre. Explorez son projet de « films-dossiers » à travers son « cycle judiciaire », une trilogie thématique qui dissèque méthodiquement les failles du système pénal français. C’est en comprenant le réalisateur que l’on saisit la portée critique de ses films.
Du Barreau au Plateau
Ancien avocat, André Cayatte a conçu le cinéma comme une tribune pour débattre des grands problèmes de société. Ses films sont de véritables « plaidoyers » qui s’attaquent à l’injustice, la peine de mort et les hypocrisies de l’après-guerre. Cette perspective unique lui a permis de construire des œuvres d’une rigueur et d’un courage social rares.
Le Cycle Judiciaire
L’Héritage : Consécration, Controverse et Influence
Un grand film suscite souvent des réactions contrastées. Cette dernière section examine la postérité de *Justice est faite*. Découvrez son triomphe critique et public, la virulente controverse avec la Nouvelle Vague qui a tenté de le discréditer, et son influence durable sur le cinéma judiciaire mondial, notamment sur le classique *Douze hommes en colère*.
Triomphe Critique et Public
Le film a non seulement remporté les plus hautes distinctions aux festivals de Venise et Berlin, un exploit rare, mais il a aussi été un immense succès populaire, prouvant que le public français était prêt pour un cinéma d’idées exigeant.
Box-office France 1950. Le film se classe 6ème.
La Querelle Cinéphilique
Le film est devenu la cible de la Nouvelle Vague. François Truffaut critiquait ce « cinéma de qualité » qu’il jugeait impersonnel et dominé par les scénaristes, au détriment de la vision d’un « auteur ».
Vision de Cayatte
Le cinéma comme tribune sociale et forum de débat public.
Vision de Truffaut
Le cinéma comme expression personnelle et vision d’un auteur.
Influence : Précurseur de « Douze hommes en colère »
Le film de Cayatte est un précurseur direct du classique de Sidney Lumet (1957), mais avec une philosophie distincte.
Justice est faite (1950)
Approche sociologique et pessimiste. Le film questionne la capacité même du système à être juste, montrant que les préjugés personnels rendent un verdict objectif quasi impossible.
Douze hommes en colère (1957)
Approche procédurale et optimiste. Le film célèbre la capacité d’un individu éclairé à faire triompher la raison et la vérité au sein du système judiciaire.
Justice est Faite
La déconstruction d’un monument du cinéma judiciaire
Lion d’Or
Venise 1950
Consécration critique suprême en Italie.
4.3M
Entrées en France
Un immense succès populaire pour un film exigeant.
Ours d’Or
Berlin 1951
Récompense historique lors de la 1ère Berlinale.
L’affaire Elsa Lundenstein
Le film s’ouvre sur le procès d’une doctoresse accusée d’euthanasie sur son amant. A-t-elle agi par pitié ou par intérêt ? Mais très vite, la caméra se détourne de l’accusée pour se concentrer sur ceux qui la jugent.
Le véritable procès n’est pas celui de l’accusée…
…mais celui du jury.
Les 7 visages de la « justice »
Le film démontre comment le verdict est moins le fruit d’une analyse objective que la somme des préjugés, des drames et des frustrations de sept citoyens ordinaires. Chaque juré juge à travers le prisme de sa propre vie.
🤵
L’Aristocrate
Hanté par le suicide d’une maîtresse.
👨🌾
Le Fermier
Découvre l’infidélité de sa femme.
🎖️
Le Militaire
Obsédé par l’ordre et la discipline.
🧐
Le Notable
Frustré par sa vie médiocre.
🍷
Le Serveur
Plein de ressentiment social.
👩💼
La Commerçante
Attachée à la morale traditionnelle.
🖨️
L’Imprimeur
Guidé par un « bon sens » méfiant.
L’agenda du réalisateur-avocat
André Cayatte, ancien avocat, n’a pas fait un seul film sur la justice, mais un « cycle judiciaire » complet. Cette trilogie thématique est une déconstruction systématique des trois piliers du processus pénal français.
LE JUGEMENT
Justice est faite (1950)
Critique du jury populaire et de la subjectivité humaine.
LA PEINE
Nous sommes tous des assassins (1952)
Réquisitoire contre la peine de mort.
L’INSTRUCTION
Le Dossier noir (1955)
Dénonciation du pouvoir excessif du juge d’instruction.
Les verdicts sur le film
Le film a reçu des jugements très différents : plébiscité par le public, il a été consacré par la critique internationale mais attaqué avec virulence par la future Nouvelle Vague.
Cette visualisation montre le classement de *Justice est faite* au box-office français de 1950. Malgré son sujet difficile, il s’est classé 6ème, prouvant son immense impact populaire face à des films plus légers.
L’héritage d’un précurseur
Malgré les controverses, *Justice est faite* a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma, notamment en étant le précurseur direct d’un des plus grands films de procès de l’histoire : *Douze hommes en colère*.
Justice est faite (1950)
Pessimisme Sociologique
Le film suggère que le système judiciaire est fondamentalement vicié car les préjugés humains rendent tout verdict objectif impossible. La justice est une illusion.
Douze hommes en colère (1957)
Optimisme Procédural
Le film célèbre la capacité du système à s’autocorriger grâce à la raison et au courage d’un seul homme qui peut faire triompher la vérité.

